Histoire des restaurations de la barque
La barque pinardière Marie Thérèse, construite en 1855 au chantier des barques des Demoiselles de Toulouse, a connu une histoire mouvementée et pourrait même être considérée comme une miraculée du patrimoine.
Elle fut d’abord un illustre moyen de transport de marchandises des terroirs le long du Canal du Midi, dans son époque la plus riche, pendant laquelle elle était chargée de vin, puis de sac de chaux, de ciment, de sable, de maïs ou encore de farine
Mais après plus de 12 décennies de bons et loyaux services, et à cause de l’arrivée de la concurrence ferroviaire puis routière, elle s'est retrouvée immobilisée à quai, transformée en boîte de nuit puis en restaurant routier, une véritable déchéance pour ce navire chargé d’histoire. Le pire était à venir. En 1992, la Marie-Thérèse fait naufrage à Sète se retrouvant à quelques mètres sous l’eau. Son destin semblait scellé, condamné à l'oubli dans les eaux salées et boueuses !
Mais c'était sans compter sur quelques passionnés. En 1994 la « Marie-Thérèse » est renflouée après son rachat par le Conservatoire Maritime et Fluvial du Pays Narbonnais. Après un périple difficile à travers l'étang de Thau, le bateau est volontairement replongé dans les eaux du canal du Midi. Il faudra attendre quatre longues années pour qu'il rejoigne enfin Narbonne et les rives de Mandirac, pour y subir une restauration complète, qui sera le deuxième plus gros chantier de restauration de bateau de l’époque.
Cette restauration commence en mars 1999 sur le chantier de Mandirac à Narbonne et a nécessité 3 années de travail à temps plein.
Dernier exemplaire des barques de patron, la Marie-Thérèse est le témoin précieux d’un savoir-faire particulier. Elle incarne aussi la mémoire des « gens de l’eau » et raconte aux générations futures l’épopée extraordinaire liée à la construction du canal du Midi et à son exploitation.
En 2013 le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée en devient propriétaire. Son histoire se poursuit ensuite avec la cave du château de Ventenac en Minervois qui l’acquiert dans le cadre d’un projet de valorisation du patrimoine viticole.
En début de 2020, la propriété est transférée à l'Association Aventure Pluriel, spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine maritime méditerranéen, qui prend en charge la restauration et la valorisation de ce monument historique.
Après des années passées sous l'eau et une première restauration, la Marie Thérèse est envahie par le mérule, un champignon dévastateur qui détruit une grande partie de sa structure. En début 2020, il est impossible de marcher sur le pont sans risquer de passer au travers.
La barque s’est également déformée avec le temps, devenant plus large que son gabarit d'origine. En avril 2021, alors qu'elle naviguait vers Castelnaudary pour y subir en cale sèche les réparations de sa coque, la Marie Thérèse reste coincée dans l'écluse de l'Aiguille.
Cette expérience et l’impossibilité d’avoir un accès immédiat à une autre cale sèche nous ont contraints à inverser l’ordre des travaux et à commencer par la restauration du pont.
Maintenant que le pont et les superstructures, comme les pavois, les capots et les descentes, sont réparés, la barque, gênée par son embonpoint ne peut toujours se déplacer que sur une portion limitée du canal du Midi, entre Homps et Sète.
La priorité est maintenant de pouvoir, grâce à des modifications provisoires, la déplacer vers une cale sèche où les travaux de coque pourront être effectués complètement, avec les matériaux et selon les techniques d’époque, approuvées par les conservateurs des monuments historiques.
Une fois son profil d’origine retrouvé, la barque Marie Thérèse pourra à nouveau naviguer régulièrement sur le canal, reliant Toulouse à la Méditerranée.
Notre rêve est de trouver les ressources financières et les matériaux nécessaires pour pouvoir célébrer l’anniversaire des 170 ans de la Marie-Thérèse sur le chantier de Toulouse où elle a été construite.
Une nouvelle collecte de fonds via la Fondation du patrimoine, ainsi qu'un appel aux mécènes et aux fondations, sont destinés à nous aider à atteindre cet objectif crucial.
Les étapes de la restauration
- Photogrammétrie de la barque et des écluses de l’aiguille et de Saint Martin
- Analyse des données et évaluation des travaux de membrures pour redonner à la barque son profil initial
- Carénage
- Modification gouvernail et tunnel d’hélice
- Remplacement de 15 m de bordage
- ...et une longue liste d’autres travaux.